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Minimum théorique sur la norme NDC de IATA.

Portrait Gaillard Thierry

Thierry Gaillard - -

Personnaliser et offrir du contenu riche pour satisfaire les clients sont les atouts de la Norme NDC de IATA. New Distribution Capability pourrait permettre à l’industrie aérienne de réaliser jusqu'à 40 milliards de dollars de nouvelle valeur chaque année.

Podcast sur la norme NDC.

Écoutez l'article en podcast.

Vidéo sur la norme NDC.

Qu’est-ce que la norme NDC de IATA ?

La norme NDC de IATA, acronyme de New Distribution Capability, est un standard de transmission de données (vols, disponibilités, tarifs, etc.), basé sur des APIs utilisant le langage XML. Ce standard a été développé par l'Association internationale du transport aérien (IATA). Son objectif est d’automatiser et d’améliorer la qualité des informations entre les compagnies aériennes, les intermédiaires touristiques traditionnels (agences de voyages, tour-opérateurs, agences en ligne) et d’autres acteurs peu habitués à vendre de l’aérien jusqu’à présent.

infographie  : qu’appelle-t’on norme IATA NDC ?
Qu’appelle-t’on norme IATA NDC ?

Pourquoi utiliser la norme IATA NDC ?

La norme IATA NDC est une technologie qui standardise la transmission d’informations depuis les compagnies aériennes vers ses fournisseurs (agences de voyages, moteurs de recherche, etc.). Cette standardisation permet de baisser les coûts en rendant plus rapide et plus facile le time-to-market.

Mais elle permet surtout d’apporter plus de services aux clients et des capacités de différenciation renforcées pour les compagnies aériennes qui peuvent proposer des contenus plus complets comme, par exemple, l’espace pour les jambes ou l’espacement des sièges, et des offres annexes comme les navettes, les taxis, les hôtels, etc.

Les prestataires de voyages peuvent aussi répondre instantanément aux requêtes clients, dans un format enrichi (photographies, vidéos, etc.), et en comparant de manière plus approfondie les tarifs entre eux ainsi que les prestations associées. La norme NDC permet à l'industrie du voyage de transformer de manière profonde la façon dont les produits aériens sont vendus.

Dans une étude, McKinsey et Iata ont évalué la norme NDC comme ayant un potentiel prometteur dans une industrie qui a beaucoup souffert ces dernières années. Ainsi, l’étude estime que l’industrie aérienne pourrait réaliser jusqu'à 40 milliards de dollars de nouvelle valeur par an d'ici 2030, c’est-à-dire l'équivalent de 4 % des revenus actuels de l'industrie. Malgré des investissements colossaux estimés entre 3 et 15 milliards de dollars, l’industrie pourrait créer de la valeur en :

  • Développant de nouvelles offres. C’est la plus grande source de valeur attendue, estimée à 22 milliards de dollars.
  • Améliorant la gestion des revenus.
  • Optimisant le mix distribution.
  • Ciblant mieux les consommateurs pour mieux les servir.
  • Optimisant le paiement et la manière de donner l’information.

En outre, la norme NDC permet de conserver l’interline entre compagnies, c’est-à-dire la possibilité d’émettre un seul billet avec plusieurs transporteurs aériens. Elles continuent aussi à utiliser le BSP pour les paiements et les remboursements des billets d’avion auprès des compagnies aériennes.

À noter que l’application du standard NDC implique l’intervention d’un agrégateur de contenu entre les compagnies aériennes et les acteurs touristiques.

Exemple d'affichage conforme à la norme NDC
Exemple d'affichage conforme à la norme NDC

Comment NDC s’inscrit-elle dans l’histoire de l’aérien ?

La manière dont les compagnies aériennes ont réussi à développer leurs ventes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale est remarquable. Jusqu'aux années soixante, elles géraient leurs inventaires manuellement. Une fiche cartonnée servait à noter chaque vol et à enregistrer la liste des passagers associée. On centralisait l'ensemble des fiches, et donc la gestion des vols, dans un « tambour » appelé « Cardex ». Les compagnies aériennes transmettaient les fiches à l'aéroport en utilisant le télex, tandis que les agences de voyages téléphonaient aux compagnies aériennes pour réserver les vols de leurs clients avant d'émettre des billets papiers manuellement…

À partir de 1968, les compagnies aériennes firent l'acquisition d'ordinateurs afin d'informatiser leurs méthodes de travail. Elles développèrent leurs propres logiciels de réservation, appelés Computer Réservation System (CRS) qu'elles installèrent aussi bien dans les agences de voyages de leur pays d’origine que dans leurs propres points de vente. Air France par exemple, a développé Alpha 3, un système de réservation vendant principalement… Air France ! Grâce à cela, la liste des passagers (PNL) parvenait aux aéroports par transmission informatique.

Ces systèmes avaient pour inconvénients de permettre l’accès à une liste restreinte de compagnies aériennes. Du coup, à la fin des années quatre-vingt, elles créèrent les GDS (Global Distribution System). Grâce a eux, les agences de voyages disposèrent de la totalité des vols, sièges et tarifs afin de proposer une offre exhaustive, neutre et centralisée pour en faciliter la recherche. La neutralité était garantie par le fait que les compagnies aériennes payaient pour être distribuées via les GDS. L’avantage décisif de l’outil était que les futurs agents de voyage pouvaient, en étant formés à un seul outil, vendre tous les transporteurs. Ce système permit de développer et de démocratiser l'accès aux voyages au plus grand nombre en améliorant significativement la productivité des équipes. Il fonctionne encore aujourd'hui dans les principaux pays de monde...

Au cours des années deux mille, les principales compagnies aériennes basculèrent leurs inventaires de vols dans le Passenger Service System créé par Sabre et Amadeus. En même temps, Internet commença à devenir un canal de vente de plus en plus important. Ceci amena les compagnies aériennes à créer leurs propres sites Web en utilisant, entre autres, les langages XML, HTML et CSS. Aujourd'hui, les transporteurs aériens commercialisent leur offre de deux manières :

  • En direct via leurs sites Web et leurs applications mobiles sous HTML et XML.
  • Via les agences de voyages qui utilisent encore les GDS sous Edifact.

Pourquoi remplacer EDIFACT par la norme NDC ?

Dans les années soixante, les compagnies aériennes créèrent l'organisme Airline Tariff Publishing Company (ATPCO), une plate-forme de données gérant la quasi-totalité des tarifs des compagnies aériennes. Puis, dans les années quatre-vingt, ce fut le tour des GDS. Ils utilisent le standard Edifact, édifié par les Nations Unies à la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour communiquer avec les autres systèmes informatiques.

Cette norme présente l'avantage d'être fiable, stable et rapide. En revanche, elle présente aussi l'inconvénient d'afficher sur les écrans d'ordinateur uniquement des caractères alphanumériques sous forme de codes qui rendent la lecture rébarbative et terriblement technique. Les vols sont présentés de manière sommaire et correspondent aux standards informatiques des années quatre-vingt. Les notes tarifaires sont souvent longues, répétitives et en anglais. Il est compliqué de vouloir vendre des services associés. Il est impossible de mettre des photographies ou des vidéos pour illustrer le voyage et le rendre attrayant. Il est même difficile d'ajouter des liens vers d'autres sites web.

Au contraire, la norme NDC s'adosse au XML, un langage de balisage générique validé par le W3C depuis le 10 février 1998. Son objectif n'est pas de donner des ordres séquentiels à l'ordinateur comme le ferait un langage de programmation (Java, Python, etc.) mais tout simplement de faciliter les échanges de données entre machines.

  • Balisage signifie qu'il permet de mettre en forme la publication de documents structurés se prêtant à un traitement automatisé.
  • Générique signifie que le développeur peut créer ses propres balises rendant ce langage flexible et léger.

XML permet de baliser des données pour les rendre compréhensibles aussi bien par les humains qui écrivent des textes que par les machines qui les échangent. Or, aujourd'hui, si les sites Web utilisent bien le langage HTML et les applications le langage XML, ils le font sans normes ou règles communes. Lorsque ces canaux veulent communiquer avec ceux d'autres compagnies aériennes ou d'autres fournisseurs de services, cela nécessite le développement de solutions informatiques coûteuses. La norme NDC simplifie tout cela en permettant de développer facilement des API.

Les agences de voyages se connectent à moindre coût à ces API grâce à des agrégateurs qui permettent d'avoir accès aux flux des compagnies aériennes et de les distribuer de manière plus efficace. Les réservations sont effectuées directement dans les systèmes des compagnies aériennes, sans intermédiaire. Ainsi, elles savent en temps réel qui réserve quoi, combien de temps, en combinaison de quels produits, à quelle fréquence, etc. Les tarifs ne dépendent plus de classe de réservations segmentées sous forme de lettre de l'alphabet mais peuvent être individualisés et personnalisés à l'infini.

Écran GDS Amadeus avec affichage alpha-numérique
Écran GDS Amadeus avec affichage alphanumérique

La proposition de valeur IATA NDC pour les compagnies aériennes.

IATA NDC va renforcer la proposition de valeur des compagnies aériennes de deux manières.

En augmentant leurs revenus.

  • Capacité de différenciation largement accrue grâce aux caractéristiques du produit rendant l’offre unique.
  • Vente de services annexes grâce à un affichage convivial des produits annexes.
  • Augmentation du nombre de clients satisfaits par la mise en œuvre d'une tarification dynamique.
  • Renforcement de la fidélisation par des offres ou des prix personnalisés en fonction du contexte d'achat.
  • Création d’une expérience immersive grâce à du contenu tel que des vidéos, des photographies, de la réalité augmentée ou virtuelle.
  • Conception de nouveaux canaux de vente, tant sur le plan géographique que numérique, pour toucher davantage de consommateurs.

En diminuant leurs coûts.

  • Passage au cloud pour une réduction des coûts de développement logiciels.
  • Renforcement de la concurrence avec l’arrivée de nouveaux entrants.
  • Optimisation continue de la billetterie, du paiement, et du back-office.
  • Élimination de la plupart des coûts liés à la vérification des tarifs, en particulier les notes de débit des agences (ADMs).
  • Optimisation des paiements et augmentation du taux de conversion.
  • Réduction des conséquences des erreurs des agences de voyages (erreur de tarification, etc.) grâce à un contrôle en temps réel des ventes dans le BSP.

Les quatre certifications NDC.

Les compagnies aériennes, les agences de voyages, les agrégateurs de contenus de voyages et les fournisseurs informatiques peuvent obtenir une certification NDC si ces entreprises sont en mesure d’envoyer et de recevoir des messages NDC. Actuellement, il existe quatre niveaux de certification (le niveau 1 n’existe plus) :

NDC niveau 2 - Gestion complète des offres

Les compagnies aériennes et les agrégateurs l’obtiennent s’ils prennent en charge la réservation et la vente via NDC, mais possèdent une capacité limitée ou inexistante pour les processus post-réservation, comme les modifications et les annulations.

NDC niveau 3 - Gestion complète des offres et gestion partielle post-réservations

Les compagnies aériennes et les agrégateurs l’obtiennent s’ils prennent en charge la réservation et la vente via NDC, ainsi qu’une partie des processus post-réservation, comme les modifications ou les annulations.

NDC niveau 4 - Gestion complète des offres et gestion totale post-réservations

Les compagnies aériennes et les agrégateurs l’obtiennent s’ils prennent en charge la réservation et la vente via NDC, ainsi que la totalité des processus post-réservation, comme les modifications et les annulations.

NDC@Scale - Capacité de volume + Gestion complète des offres et des post-réservations

Ce niveau de certification est réservé aux compagnies aériennes en mesure de prendre en charge de gros volumes de transactions NDC, grâce à leur configuration technique et organisationnelle, ainsi que la couverture des principales fonctionnalités.

Depuis octobre 2021, il existe une nouvelle classification spécifique aux compagnies aériennes pour les capacités de vente au détail liées aux normes de distribution, appelée l'indice Airline Retailing Maturity (ARM).

Quels sont les bénéfices de la norme NDC ?

Les compagnies aériennes vont devoir d'une part, basculé leur inventaire actuellement géré sous Edifact vers XML et d'autre part, créer des API afin de communiquer leurs offres avec leurs partenaires (agences de voyages, moteurs de recherche, etc). Cela prendra du temps, mais à terme, les gains pour tous les acteurs de la filière seront importants.

Les compagnies aériennes

En normalisant leurs échanges avec leurs distributeurs et partenaires, elles vont faire des économies en communiquant l'ensemble de leur catalogue à tous les acteurs (moteurs de recherche, métamoteurs, agences de voyages, etc.) grâce à un protocole unique contre plusieurs aujourd'hui.

Elles utiliseront leurs connaissances des préférences et de l’historique des clients pour personnaliser très finement leurs offres et adapteront leur proposition tarifaire grâce au Dynamic pricing.

Elles pourront aussi déconstruire leur offre packagée pour vendre chaque prestation séparément (siège, repas, accès aux salons, etc.) ou bien mieux mettre en valeur les différents bénéfices de leur package tarifaire. Elles proposeront aussi, et c'est un point non négligeable, des services complémentaires : locations de voiture, nuits d'hôtel, transferts, etc. pour assembler des offres complètes de séjours et non plus vendre uniquement du transport aérien. De ce point de vue, le partenariat entre Air France et Booking illustre de belle manière ce point essentiel. Selon Iata, les compagnies aériennes tirent trois avantages majeurs de NDC.

  • Richesse et originalité de leurs produits.
  • Rapidité de mise sur le marché de tout nouveau produit.
  • Personnalisation de leurs offres.

Les agences de voyages

Même si cette importante évolution du secteur va demander de s’adapter, de se former et de repenser leur valeur ajoutée, la mise en place de la norme NDC est globalement une bonne chose pour elles. Comme aujourd'hui, elles auront accès à l'offre intégrale des compagnies aériennes. Mais elles vont surtout pouvoir mieux comparer les offres et ce qu’elles renferment pour conseiller au mieux leurs clients.

D’un simple clic, elles rajouteront ou enlèveront un bagage supplémentaire, un repas de meilleure qualité, un surclassement, un accès Wi-Fi à bord s’il est payant, etc. Elles auront accès en temps réel et de manière simple et rapide, aux promotions des compagnies aériennes alors qu’elles leur échappent largement à l’heure actuelle.

Leur proposition s’accompagnera de vidéos, de photographies et des explications rendront les produits plus attractifs. Et surtout, cela leur permettra de proposer une offre ultra personnalisée où leur client aura accès en toute transparence au détail de ses prestations.

Les conseillers voyages vont abandonner la technique du langage crypté pour se consacrer à vendre et conseiller les voyageurs noyés sous l’infobésité d’offres protéiformes et surabondantes. Leurs capacités à connaître et à comprendre leurs interlocuteurs, à prendre du temps pour eux, à faire preuve de transparence et de pédagogie seront les facteurs clés de succès de demain. Au final, IATA résume très bien leurs futurs bénéfices.

  • Accès à un contenu riche et complet.
  • Comparaison entre les vols, les prix et la valeur apportée.
  • Capacité de proposer une offre sur-mesure.
  • Accessibilité aux données sur les produits et les tarifs en temps réel.

Les clients loisirs

Finie l’opacité des tarifs des billets d’avion. Finies les mauvaises surprises à l’aéroport quand on découvre que le bagage en soute est payant. Finie la même offre pour tout le monde. Fini le montant final de la facture plus élevé que le prix initial. Toutes les études le montrent aujourd'hui : les clients ne font plus confiance aux intermédiaires qu’ils soupçonnent de les voler !

La norme NDC mettra à leur disposition une information extrêmement fine et précise leur permettant de choisir le niveau de service qu'ils sont prêts à payer et d’en comprendre le coût. La transparence va ramener du monde dans les agences de voyages.

Les clients Corporate (entreprises)

Les entreprises qui confient leurs déplacements professionnels à une Travel Management Company (TMC) vont-elles aussi, bénéficier du déploiement de la norme NDC.

  • Plus de contrôles en filtrant l’affichage de leurs voyageurs.
  • Limitation de l’open booking en privilégiant leurs propres accords.
  • Augmentation de leur visibilité et réduction des coûts.
  • Amélioration des reportings pour une meilleure prise de décision.

Quel sera le paysage de la distribution avec la norme NDC ?

De nouveaux compétiteurs technologiques comme Openjaw, Accelya ou Datalex entrent dans la danse. Mais les GDS resteront des compétiteurs efficaces pour élaborer des plateformes d’agrégation de contenus car elles ont une excellente connaissance des besoins des compagnies aériennes et des agences de voyages ainsi qu’un vrai savoir-faire technologique (ex : Live Travel Space d'Amadeus). Pour les les vendeurs de voyages, c’est plus de concurrence pour sélectionner leur fournisseur technologique ! Par ailleurs, les réservations via le système Edifact vont cohabiter encore longtemps avec les API NDC.

En ce qui concerne les agences de voyages, la stratégie initiée par Lufthansa et IAG ainsi que par Air France consistant à facturer des frais supplémentaires pour les réservations faites par GDS ou bien les incentive mis en place par American Airlines pour promouvoir les ventes via leur site internet sont un signal fort envoyé aux acteurs de la distribution :

« Nous voulons réduire nos coûts de distribution tout en augmentant nos revenus » !

En tant que responsable d’une agence de voyages, vous devrez négocier des avantages exclusifs pour vos clients et surtout, être reconnus par eux comme un intermédiaire neutre, fiable et transparent.

Conclusions.

La norme NDC va clairement dans le sens de l'histoire, celui de l'automatisation d'une part, et de la personnalisation d'autre part. L'informatique des GDS est devenue obsolète dans un monde technologique qui fait la part belle à la blockchain et à l'intelligence artificielle.

En conclusion, je laisse la parole au Département du Transport Américain qui a approuvé la norme NDC par la résolution 787 :

« Les comparaisons d’achats dans le système actuel se limitent généralement strictement à la comparaison des tarifs, et il est difficile de comparer les prix et la qualité des offres de produits des différents transporteurs, en partie à cause des limitations de ce qui peut être affiché par les systèmes qui reposent sur la technologie de messagerie statique [...] L’approbation provisoire de la demande de IATA semble justifiée en raison de notre conclusion provisoire que les normes et protocoles de communication modernisés et l’innovation commerciale qu’ils pourraient faciliter seraient pro-compétitifs et dans l’intérêt public, à condition que certaines garanties soient imposées. »

Références.